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» Nous partîmes de Gatigan en mettant le cap à l’ouest ; et comme le roi de Massana, qui voulut être notre pilote, ne pouvait pas nous suivre avec sa pirogue, nous l’attendîmes près de trois îles, nommées Polo, Ticobon, et Pozon. Lorsqu’il nous eut rejoints, nous le fîmes monter sur notre vaisseau avec quelques hommes de sa suite, ce dont il fut très-content, et nous allâmes ainsi à Zebu. De Gatigan à Zebu il y a quinze lieues.

» Le dimanche 7 avril, nous entrâmes dans le port de Zebu. Nous passâmes près de plusieurs villages où nous vîmes des maisons construites sur les arbres. Quand nous fûmes près de la ville, le capitaine fit arborer tous les pavillons et amener toutes les voiles, et l’on fit une décharge générale de l’artillerie, ce qui causa une grande alarme parmi les insulaires. Le capitaine envoya aussitôt l’interprète et un Castillan à terre pour rassurer le roi, en lui disant que c’était notre usage de faire ainsi ce grand bruit comme un salut et un signe de paix et d’amitié, pour honorer en même temps le roi et l’île. Ces explications tranquillisèrent les esprits.

» Le roi était environné d’un peuple immense. Il demanda le motif de notre arrivée dans son île ; l’interprète répondit que le commandant des vaisseaux était au service du plus grand roi de la terre, et allait aux Moluques ; mais que le roi de Massana, où sa flotte avait touché, lui ayant parlé avec de grands éloges du