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pilote, si nous voulions attendre qu’il eût fini sa récolte de riz et d’autres productions de la terre, priant en même temps le capitaine de lui envoyer du monde pour accélérer ce travail. Le capitaine satisfit au désir du roi ; mais les deux princes avaient tant mangé et tant bu la veille, que soit qu’ils fussent incommodés, ou seulement fatigués des suites de l’ivresse, ils furent hors d’état de donner aucun ordre, et nos gens restèrent à ne rien faire. Les deux jours suivans on travailla vivement, et la besogne fut achevée.

» Nous passâmes sept jours à Massana. Les insulaires ont le corps peint, et vont tout nus, se couvrant seulement les parties naturelles d’un morceau de toile. Les femmes portent un jupon d’écorce d’arbre qui leur descend de la ceinture aux talons. Leurs cheveux noirs leur tombent quelquefois jusque sur les pieds. Leurs oreilles sont percées et ornées de bagues et de pendans d’or. Ces insulaires sont grands buveurs, et mâchent continuellement un fruit appelé areca, qui ressemble à une poire : ils le coupent par quartiers et l’enveloppent dans des feuilles de l’arbre appelé betré, qui ressemblent à celles du mûrier, et ils y mêlent un peu de chaux. Après qu’ils l’ont bien mâché, ils le crachent, et leur bouche devient toute rouge. Ils prétendent que ce fruit leur rafraîchit le cœur ; on assure même qu’ils mourraient, s’ils voulaient s’en abstenir. Les animaux de cette île sont les chiens, les chats, les cochons,