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lui avait été confié par son souverain pour la planter partout où il aborderait ; et que par conséquent il voulait l’élever dans cette île, à laquelle ce signe serait d’ailleurs favorable, parce que tous les vaisseaux qui dorénavant viendraient la visiter connaitraient, en le voyant, que nous y avions été reçus comme amis, et ne leur feraient aucun mal, et que, dans le cas même où quelqu’un d’entre eux serait pris, il n’aurait qu’à montrer la croix pour qu’on lui rendit sur-le-champ la liberté. Il ajouta que cette croix devait être placée sur la sommité la plus élevée des environs, afin que chacun pût la voir, et que chaque matin il fallait l’adorer ; qu’en se conformant à cette pratique salutaire, ni la foudre ni les orages ne leur causeraient désormais aucun mal. Les rois, pénétrés de la vérité du discours du capitaine, le remercièrent, et le firent assurer par l’interprète qu’ils étaient satisfaits, et exécuteraient avec plaisir ce qu’il venait de leur proposer.

» Leur ayant fait demander si leur religion était celle des Maures ou des gentils, ils répondirent qu’ils n’adoraient aucun objet terrestre ; mais, levant les mains jointes et les yeux au ciel, ils firent entendre qu’il adoraient un être suprême qu’ils nommaient Abba, ce qui fit grand plaisir à notre capitaine. Alors le raja Colambu, levant les mains vers le ciel, lui dit qu’il aurait bien désiré de lui donner quelques preuves de son amitié. On s’enquit