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vivre en frère avec lui, ce qui parut lui faire grand plaisir.

» Il étala ensuite devant le roi des draps de différentes couleurs, des toiles, du corail et d’autres marchandises ; il lui fit voir aussi toutes les armes à feu jusqu’à la grosse artillerie, et l’on tira quelques coups de canon, dont ces insulaires furent fort épouvantés. Il fit armer de toutes pièces un Castillan, et dit à trois autres de lui porter des coups d’épée et de stylet, pour montrer au roi qu’un homme armé de celte manière était invulnérable, ce qui surprit beaucoup ce prince ; c’est pourquoi, se tournant vers l’interprète, il le chargea de dire au capitaine qu’un tel homme pouvait combattre contre cent. Oui, répondit l’interprète, au nom du capitaine ; et chacun des trois vaisseaux a deux cents hommes armés de cette façon. On lui fit ensuite examiner séparément chaque pièce de l’armure, en lui montrant la manière dont on s’en servait. »

Magellan, comme on le voit, exagéra beaucoup le nombre des hommes qu’il avait sous ses ordres, puisqu’en tout il ne lui en restait pas deux cents. Si le récit de Pigafetta est sincère, on doit supposer que ce chef enfla ses forces, afin d’ôter au roi indien l’envie d’attaquer les vaisseaux, ce qui rend sa forfanterie excusable.

« Après cela, continue Pigafetta, le capitaine général conduisit le roi au château d’arrière, et s’étant fait apporter la carte et la boussole, il lui expliqua à l’aide de l’inter-