Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/227

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

» Le capitaine irrité, envoya le lendemain deux chaloupes avec quatre-vingt-dix hommes armés, qui débarquèrent à un village situé au pied d’une montagne, brûlèrent une cinquantaine de maisons et plusieurs canots, tuèrent sept insulaires, et enlevèrent les vivres qu’ils trouvèrent. Les Indiens, qui s’étaient retirés sur la montagne, lançaient sur nos gens une si grande quantité de pierres, que l’on eût cru qu’il grêlait. Mais quand on vint à tirer les arquebuses, ils s’enfuirent plus haut. De cette manière on recouvra le canot. Le capitaine général fit charger de l’eau, et répartir les vivres entre tous les vaisseaux, puis ordonna que chacun rentrât à son bord. Comme après ces actes d’hostilités, il jugea qu’il ne pouvait pas s’arrêter plus long-temps dans ces îles, il en partit le lendemain en continuant sa route dans la même direction.

» Lorsque nos gens, continue Pigafetta, blessaient les insulaires avec leurs flèches, armes qu’ils ne connaissaient pas, de manière à leur traverser le corps d’outre en outre, ces malheureux tâchaient de retirer ces flèches de leurs corps, tantôt par un bout et tantôt par l’autre ; après quoi, ils les regardaient avec surprise, et souvent ils mouraient de la blessure ; ce qui ne laissait pas de nous faire pitié. Cependant lorsqu’ils nous virent partir, ils nous suivirent avec plus de cent canots, et nous montrèrent du poisson comme s’ils voulaient nous le vendre ; mais quand ils étaient près de nous, ils