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enfin les Castillans le contraignirent à les conduire chez les femmes des deux prisonniers. Ces femmes, apprenant le malheur arrivé à leurs maris, poussèrent des cris affreux. Le chef des Castillans, voyant la nuit approcher, résolût d’attendre le lendemain pour amener ces femmes, et cependant fit bonne garde. Sur ces entrefaites deux sauvages arrivèrent et passèrent le reste de la nuit avec les Castillans sans témoigner ni mécontentement ni surprise ; à la pointe du jour, ils dirent quelques mots aux femmes, et aussitôt, hommes, femmes, enfans, tous prirent la fuite, et ces derniers couraient encore plus lestement que les autres. Un homme caché dans un buisson tua un Castillan d’un coup de flèche. Il fut impossible d’atteindre les fuyards. On brûla la hutte des sauvages et on enterra le mort, après avoir cherché en vain à le venger.

« Tout sauvages qu’ils sont, dit Pigafetta, ces Indiens ne manquent pas d’une certaine médecine. Quand ils ont mal à l’estomac, par exemple, au lieu de se purger comme nous ferions, ils se fourrent une flèche assez avant dans la bouche, pour exciter le vomissement, et rendre une matière verte mêlée de sang. Le vert provient d’une espèce de chardons dont ils se nourrissent. S’ils ont mal à la tête, ils se font une entaille au front, et, dans toutes les parties du corps où ils ressentent de la douleur, afin que le sang sorte en plus grande quantité de l’endroit dont ils souffrent.