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se rangèrent en file, étant sans armes et presque nus. Ils commencèrent aussitôt leur danse et leur chant, pendant lesquels ils levaient l’index vers le ciel, comme avait fait le premier, pour indiquer qu’ils nous regardaient comme des êtres descendus d’en-haut ; ils nous montrèrent en même temps une poudre blanche dans des marmites d’argile, et nous la présentèrent, n’ayant autre chose à nous donner à manger. Les nôtres les invitèrent par des signes à venir sur nos vaisseaux. Les sauvages y vinrent en effet ; mais les hommes, qui ne tenaient à la main que leur arc et leurs flèches, avaient chargé leurs effets sur leurs femmes, comme si elles eussent été des bêtes de somme.

» Les femmes ne sont pas si grandes que les hommes ; en revanche elles sont plus grosses. Leurs mamelles tombantes ont plus d’un pied de long. Elles sont peintes et habillées de la même manière que leurs maris ; mais elles couvrent leurs parties naturelles avec une peau mince. Elles n’étaient rien moins que belles à nos yeux ; cependant leurs maris s’en montraient fort jaloux. Elles conduisaient avec des espèces de licous quatre animaux dont la peau leur sert à faire leurs manteaux. Cet animal, nommé guanaco, ressemble à un petit chameau.

» Ces hommes étant arrivés à bord, le capitaine général leur fit servir une chaudronnée de bouillie qui était capable de rassasier vingt hommes ; mais les six Indiens la mangèrent