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mettra de reprendre la mer ; alors nous découvrirons un monde inconnu, riche en or, en épiceries, et où chacun de nous pourra s’enrichir. »

Ce discours apaisa les murmures des équipages pendant quelque temps ; mais bientôt la sédition éclata. Un jour que Magellan avait envoyé un de ses canots au Saint-Antoine pour y prendre quatre hommes et les conduire à l’aiguade, un soldat du vaisseau avertit les gens du canot de ne pas aborder, parce que Quésada y commandait et retenait prisonnier Mesquita, nommé capitaine par Magellan. À la nouvelle de cette rébellion, le capitaine général renvoya le même canot au Saint-Antoine et aux autres vaisseaux demander quel chef ils reconnaissaient ; Quésada, Mendoça et Cartagéna répondirent qu’ils ne reconnaissaient d’autre autorité que celle du roi ; Serrano, le seul qui n’eût pas trempé dans le complot, répondit qu’il était fidèle au roi et à Magellan. Dans une circonstance si critique, ce vaillant homme de mer développa toute la force de son caractère, et fit un coup d’autorité qui lui réussit, mais que l’humanité désapprouvera toujours. Sachant que les matelots ne partageaient pas la haine dont leurs capitaines étaient animés, et qu’un grand nombre épousaient ses intérêts, il envoya poignarder, par un de ses affidés, Mendoça sur son propre vaisseau la Victoire. L’équipage rentra aussitôt dans l’obéissance.