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ont aussi de très-beaux chats maimons, jaunes, semblables à de petits lions.

» Ils mangent une espèce de pain rond et blanc, mais que nous ne trouvions pas de notre goût, fait avec la moelle ou plutôt l’aubier qu’on trouve entre l’écorce et le bois d’un certain arbre, et qui a quelque ressemblance avec du lait caillé. Ils ont aussi des cochons, qui nous parurent avoir le nombril sur le dos, et de grands oiseaux, dont le bec ressemble à une cuillère ; mais ils n’ont point de langue.

» Quelquefois, pour avoir une hache ou un coutelas, ils nous offraient pour esclaves une ou même deux de leurs jeunes filles ; mais ils ne nous présentèrent jamais leurs femmes ; d’ailleurs celles-ci n’auraient pas consenti à se livrer à d’autres hommes qu’à leurs maris ; car, malgré le libertinage des filles, leur pudeur est telle, quand elles sont mariées, que jamais elles ne souffrent que leurs maris les embrassent pendant le jour. Elles sont chargées des travaux les plus pénibles, et on les voit souvent descendre de la montagne avec des corbeilles fort chargées sur la tête ; mais elles ne vont jamais seules ; leurs maris, qui en sont très-jaloux, les accompagnent toujours avec des flèches dans une main et un arc dans l’autre ; cet arc est de bois de Brésil ou de palmier noir. Si les femmes ont des enfans, elles les placent dans un filet de coton suspendu à leur cou.

» Ces peuples sont extrêmement crédules et