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et ne pas agir ainsi d’autorité ; qu’il n’était pas juste de décider une chose, puis d’en faire une autre ; et qu’il était au moins inutile de leur avoir donné la route par écrit. « Vous êtes dans l’erreur, reprit Magellan ; la route par écrit vous devient utile dans le cas où des coups de vent vous écarteraient de l’escadre ; mais tant que nous marcherons de conserve, mon pavillon dans le jour, et mon fanal dans la nuit, doivent vous guider. »

Le 13 décembre, les Castillans arrivèrent au Rio de Janeiro, sur la côte du Brésil, et imposèrent à cette baie le nom de Sainte-Luce. Les Indiens vinrent dans des pirogues chargées de volailles, de maïs, de fruits, de perroquets et d’autres oiseaux. Ils offraient un esclave pour une hache. Le général défendit sous peine de la vie d’acheter aucun esclave, pour ne pas donner lieu aux Portugais de se plaindre qu’il eût trafiqué sur leurs terres, et d’ailleurs pour épargner leurs vivres.

« Ici, dit Pigafetta, auquel on doit la relation de ce voyage, nous fîmes une abondante provision de poules, de patates, d’une espèce de fruit qui ressemble au cône du pin ; mais qui est extrêmement doux et d’un goût exquis (l’ananas) ; de roseaux fort doux (cannes à sucre), de la chair d’anta (tapir), laquelle ressemble à celle de la vache, etc. Nous fîmes d’excellens marchés ; pour un hameçon ou pour un couteau, l’on nous donnait cinq à six poules ; pour un petit miroir ou une paire de ci-