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terait pas, il arriverait dans le grand Océan. Il répondit qu’il lui était impossible de douter de la réalité du détroit ; mais qu’en supposant même qu’il put se tromper il prendrait la même route que les Portugais, ajoutant qu’ils n’avaient aucun droit de s’en plaindre, puisqu’on pourrait toujours leur prouver que les Moluques étaient dans les limites assignées à l’Espagne par la décision du pape.

Magellan parvint à persuader le conseil d’Espagne ; et Charles-Quint, dont le génie était capable d’apprécier un projet hardi, conçut une haute opinion de celui qui le lui présentait : il voyait d’ailleurs ses raisonnemens appuyés du témoignage d’un Portugais aussi renommé que Serrano, et d’un savant aussi célèbre que Falero : il ne balança pas à lui accorder sa confiance. Il les créa l’un et l’autre chevaliers de Saint-Jacques de Calatrava, et les nomma capitaines de vaisseau.

Le conseil d’Espagne conclut avec Magellan un traité dont les dispositions sont curieuses à connaître.

Magellan s’engagea à découvrir les Moluques et les îles occidentales dans les limites assignées à l’Espagne par la ligne de démarcation, et de s’y frayer une route par la mer de l’ouest. Le roi lui promet que pendant dix ans il ne permettra à aucun navigateur, sujet de l’Espagne, d’aller sur les traces de ses découvertes. Il accorde à Magellan le vingtième de toutes les richesses qu’on retirera des nouvelles décou-