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mer de l’ouest, opposée à celle des Portugais, qui s’y rendaient en allant à l’est par la mer des Indes.

Charles, qui était à Saragosse, fit venir Magellan, et lui donna audience en présence de ses ministres. Magellan, qui avait déjà fourni des informations sur la richesse des productions des Moluques, n’eut pas de peine à prouver au roi que l’Espagne avait des droits sur ces îles, et la proposition de les faire valoir fut accueillie avec empressement. Les motifs sur lesquels cette prétention était fondée paraîtront très-plausibles, si toutefois on se reporte au temps où la question fut agitée. Alexandre vi avait partagé le monde en deux parties égales par une ligne qui, relativement à l’Europe, passait à l’ouest des Canaries et des Açores, et de l’autre, côté de la terre marquait une séparation à 180° en longitude. Les Espagnols devaient avoir la possession de tous les pays qu’ils pourraient découvrir à l’ouest de cette ligne de démarcation, et les Portugais, de ceux qu’ils découvriraient à l’est. Étrange donation fondée sur l’ignorance totale de la bonne philosophie et de la physique. Avec l’une on aurait fait réflexion que le pape ne pouvait donner ce qui ne lui appartenait pas, et avec l’autre on aurait su qu’en conséquence de la forme sphérique du globe il était très-possible que deux nations arrivassent au même point, en allant, l’une au levant, et l’autre au couchant. La partie inférieure de ce cercle ima-