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Colomb avait échoué ; il en fut de même de Magellan ; ses offres furent reçues avec une sorte de mépris. Outré de dépit d’un refus si humiliant et d’un traitement si peu mérité, il résolut de s’expatrier. Des correspondances secrètes l’instruisirent des dispositions de la cour d’Espagne, et le décidèrent à quitter le Portugal pour se rendre auprès de Charles-Quint. On trouva par la suite dans les papiers de Serrano des lettres par lesquelles Magellan l’informait qu’il espérait bientôt le rejoindre ; que l’état de ses affaires le forçait à ce voyage ; que, s’il ne pouvait réussir à l’entreprendre au service de Portugal, ce serait à celui d’Espagne.

Accompagné de Ruy-Falero, qui croyait aussi avoir à se plaindre du roi, et suivi de quelques pilotes auxquels il avait persuadé d’abandonner le Portugal, Magellan arriva, en 1517, à Valladolid, où Charles-Quint faisait sa résidence. Ce prince était alors absent ; Magellan s’adressa à don Juan Rodriguez de Fonseca, évêque de Burgos, chargé du département des Indes. Ce ministre l’écouta avec attention, et, approuvant ses vues, informa son souverain des propositions de Magellan, qui s’offrait de démontrer que les Moluques et les autres îles d’où le Portugal tirait tant d’épiceries précieuses, appartenaient à l’Espagne, conformément à la ligne de démarcation du pape Alexandre vi, ajoutant que ce navigateur se proposait d’y trouver une route par la