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baptisé sept cents Groënlandais. Il en est mort deux cent cinquante. Ce qui reste à Neu-Herrnhut monte à quatre cent vingt-un baptisés, dont cent soixante-quatorze communians. Cette congrégation a de plus trente-neuf catéchumènes. Lichtenfels a cent baptisés, trente-huit catéchumènes, et trente inconvertis. C’est peu, dit Crantz, dans une nation qui peut avoir dix mille âmes ; mais c’est beaucoup eu égard à notre siècle, où le nombre des mécréans augmente considérablement, et celui des païens ne diminue guère. « Je sais bien, dit ce pieux historien, qu’on ne regarde pas comme une acquisition pour le christianisme la conversion de quelques sauvages stupides, qui ont à peine une lueur de raison, et qui n’entendent rien de ce qu’on leur prêche. Mais le miracle n’en est que plus grand lorsqu’on considère que ces espèces de brutes qui se soumettent au joug de l’Évangile sont des hommes d’un caractère si indocile, qu’ils mourraient de faim, ou se donneraient la mort plutôt que de fléchir devant un homme. Quel étonnement ne doit-ce pas être de voir ces sauvages farouches se laisser guider par des hommes qu’ils regardaient d’abord et que les autres regardent encore comme des barbares ! N’est-ce pas une merveille visible de la grâce ? C’est la toute-puissance de la croix qui pénètre les cœurs, qui brise les rochers. » Crantz finit son livre comme beaucoup d’orateurs chrétiens commencent un sermon. Il applique aux frères