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À l’âge de vingt ans on songe au mariage. Chacun est libre de se choisir une femme. Mais quand un jeune homme ne paraît pas avoir fait de choix, ses parens lui proposent un parti ; si ce n’est eux, ce sont les missionnaires. On a, disent-ils, assez de confiance en leur zèle pour recevoir une épouse de leurs mains. Ils demandent donc à un jeune homme quel est l’objet de ses vœux. On approuve son choix dès qu’il n’est pas contraire au bonheur et au salut de son âme ; mais si la religion de l’époux devait en souffrir, les frères ne lui donneraient pas la bénédiction nuptiale. Quand l’homme s’est expliqué, l’on consulte la fille. Elle refuse d’abord, mais avec moins de simagrées que ne le veut l’ancien usage du pays. Cependant, si le refus est bien formel, on n’insiste plus, parce que les voies de force sont interdites, et que celles d’insinuation ne réussiraient point. On ne permet point le mariage entre les chrétiens et les païens, même dans l’espérance de faire un dévot chrétien d’un tendre amant ; on y a trop souvent été trompé. La polygamie est défendue, et le divorce n’est pas permis, quoiqu’il ne soit pas sans exemple dans la communion de Luther. On ne reçoit pas même à la peuplade un Groënlandais qui a quitté sa femme sous prétexte de se convertir : ce serait peut-être un secret amour pour une fille chrétienne qui ferait abandonner une femme païenne. On n’admet pas non plus au petit bercail une femme qui s’y réfugie sans le consentement de