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généreusement assistés. Un diacre de la congrégation est chargé de s’informer des besoins cachés, et de partager entre les familles les mieux pourvues celles qui sont sans ressource. Ainsi les frères Moraves se regardent plutôt, dit Crantz, comme les serviteurs des nouveaux chrétiens que comme des législateurs. Ce n’est point en maîtres qu’ils gouvernent leurs peuplades, mais c’est par la voie de la prière et de l’exemple qu’ils les dirigent ; car ils craindraient de fortifier le soupçon où penchent les Groënlandais, que, sous prétexte de les attacher au christianisme, on veut les priver de leur liberté. Le moindre attentat sur leur indépendance formerait un obstacle invincible au but du prosélytisme qu’on se propose.

De la police civile et domestique Crantz passe au gouvernement ecclésiastique. « Chaque peuplade, dit-il, a son missionnaire et deux diacres, tous gens mariés. Leurs femmes soignent le ménage, et dirigent les néophytes de leur sexe ; car les Groënlandais sont d’un caractère assez jaloux pour ne pas confier l’instruction de leurs femmes à des hommes, même sacrés. Il y a de plus un catéchiste pour tenir l’école des enfans, et un assistant ou coadjuteur de la mission chargés des soins économiques et de la réparation des bâtimens ; c’est un homme de main qui doit tout faire, maçonnerie, charpenterie, ouvrages et travaux, quels qu’ils soient.

Chaque mission est composée de cinq ou-