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parés, chacun dans le lieu de sa naissance, on verrait plus de chrétiens retomber dans les ténèbres, que de sauvages attirés à la lumière.

Malgré ces bornes que l’on met aux courses des chrétiens, chaque père de famille est le maître d’aller planter sa tente où il veut ; mais avant de partir, il avertit du lieu qu’il choisit, afin que les coadjuteurs puissent le trouver dans leur visites. On a de plus l’attention de ne pas laisser partir les néophytes avant Pâques. C’est un devoir qu’on a su leur imposer pour les faire participer aux grâces du mystère qu’on solennise dans cette fête. Mais comme on veut leur ôter tout besoin ou prétexte de s’absenter avant la célébration de la Pâque, quoique chacun soit libre de disposer de ses provisions, les pasteurs ont l'œil sur l'usage qui s’en fait, de peur que la dissipation ou la mauvaise économie ne les épuise avant la saison de les renouveler. C’est dans ce dessein qu’on à bâti un magasin où chacun apporte sa provision de harengs et de poissons séchés, dont il va prendre deux ou trois fois par semaine la quantité nécessaire pour la subsistance de chaque jour.

Au mois de mai les frères ont soin qu’on aille de bonne heure à la pêche du phoque, pour renvoyer les umiaks aux gens qui n’en ont point, et leur donner le moyen de faire leurs provisions. Un missionnaire suit chaque bande dans les différentes pêches, qui ont toutes leurs saisons. Celle du hareng dure un mois. C’est le temps où les païens font le plus de fo-