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Enfin ils bâtirent une tour pour une cloche qu’on leur avait apportée de Copenhague. Ensuite ils radoubèrent leur vieux bateau, creusèrent un puits ; tracèrent un jardin sur un terrain humide, et l’entourèrent d’une muraille de dix pieds de hauteur. Tous ces travaux exigeaient des courses. On alla dans les îles chercher de la mousse, du bois flottant sur le bord de la mer, des taillis et des arbrisseaux dans les vallées. Ce ne fut pas sans périls, quoiqu’au milieu de l’été. La neige ou la glace arrêtèrent ou retardèrent plus d’une fois le transport de ces matériaux. D’ailleurs il y a moins de ressource pour le chauffage et la subsistance dans ce canton qu’à Bals-Fiord. Les rennes y sont rares, ainsi que les eiders. Il y manque plusieurs sortes de poissons. Aussi les Groënlandais n’eurent pas autant de provisions de bouche cette année que la précédente, et ils ne purent fournir au commerce que la moitié des huiles qu’il en tirait ordinairement.

Crantz répète encore ses lamentations sur l’endurcissement des Groënlandais inconvertis. « Ceux qui viennent du nord et du sud, dit-il et qui s’arrêtent à Kanghek, ne veulent pas écouter la prédication, craignant les syndérèses de leur conscience. Presque tous ont maintenant une notion de Dieu ; mais ils s’obstinent à ne pas changer de mœurs. La comparaison qu’ils font de leur vie avec celle des autres les tranquillise. Ils écoutent prêcher la morale de l’Évangile avec indifférence ; mais