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mède aux missionnaires. On lui donna la première fiole de pharmacie qui se trouva sous la main. Le malade y prit confiance, et bientôt il se sentit non-seulement soulagé de sa douleur, mais guéri de l’enflure de la goutte. Le moindre changement de remède ou de régime est capable de rétablir un Groënlandais malade. Un morceau de pain noir, un plat de gruau d’avoine, quand ils en ont une forte envie, vaut une médecine pour ces sauvages, sur qui les sensations nouvelles ont d’autant plus d’activité qu’elles sont moins partagées et combattues.

Un phénomène qui n’a rien de singulier que d’avoir été observé au Groënland avec des yeux philosophiques, ce fut une éclipse totale de lune, qui parut le 12 novembre à sept heures et demie du matin. Le calendrier de Copenhague n’en fit pas mention ; mais elle fut annoncée dans celui de Berlin, comme invisible, environ pour une heure et demie de l’après-midi. On peut juger par cette différence de la distance qu’il y a entre le méridien de Berlin et celui du Groënland à Bals-Fiord.

Crantz, dont les annales finissent à 1762, entame l’histoire des missions de cette année par de longues plaintes sur le peu de disposition que témoignaient les Groënlandais du sud à se convertir. « Leurs cœurs, dit-il, sont impénétrables comme leurs rochers. Quand on leur parle du Créateur et du Sauveur, ils répondent qu’ils n’entendent pas ce langage ; et cela veut dire qu’ils ne veulent pas même l’en-