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secours. Au retour de la pêche du hareng, les Groënlandais se mirent à porter des pierres sur leur dos, et de la terre dans leurs vieux habits d’hiver, faute de sacs. Le capitaine du vaisseau se prêta même au besoin des frères en venant décharger son bois de charpente dans un endroit assez voisin de leur habitation, au lieu de le débarquer au comptoir de la colonie, qui était à trois milles plus loin. Ces attentions, la bonne volonté des gens de l’équipage, l’empressement des Groënlandais, tout concourut si bien à hâter l’ouvrage, que, malgré le mauvais temps, l’édifice fut mis sur pied dans le court espace de trois semaines.

On poussa l’intérieur du logement avec la même activité. Dès le commencement d’octobre, il y eut deux chambres en état d’être habitées. Tous ces travaux furent précédés et accompagnés de prières et de sermons relatifs au but de cette pieuse fondation, et la ferveur de la dévotion ne faisait qu’échauffer l’ardeur des ouvriers.

Cependant l’année avait été fort rigoureuse. L’éternel ennemi de ce climat inhabitable, le froid avait affamé les Groënlandais jusqu’à la fin de mai. La terre, couverte de neige, et la mer de glaces, les avaient tenus bloqués dans leurs cabanes après la consommation de toutes les provisions. On avait extrêmement souffert sur les côtes du sud. Quoique les plus voisines du soleil, elles sont les plus exposées aux glaces flottantes que le nord y débouche par la mer