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danoise. Leur guide, qui était né dans ce canton, les mena dans une île assez grande : après l’avoir parcourue, on reconnut un endroit appelé Akonamiok, à trois milles de la pleine mer. Cette situation avait l’inconvénient d’être fermée au midi par une haute montagne qui lui interceptait durant trois mois de l’année les rayons du soleil, si rares et si précieux au Groënland ; mais on y avait de l’eau courante qui ne gelait pas même en hiver, un bon abri pour les canots, un chemin toujours sec du côté de la mer : c’étaient autant d’avantages pour attacher, pour attirer les Groënlandais à la mission. On planta donc les tentes dans cet endroit, où était encore une vieille maison du pays.

Le premier soin fut d’en bâtir de semblables avec des pierres et des mottes. Comme chacun travaillait pour soi, les missionnaires, ne tirant pas de grands secours des Groënlandais, n’avancèrent pas beaucoup leur maison. L’un d’eux était obligé de faire la cuisine ; d’ailleurs ils n’avaient pu se procurer d’outils ni d’ustensiles, soit de Copenhague ou de Neu-Herrnhut. Ils étaient obligés de rouler des pierres à force de bras, de porter la terre dans des sacs, d’aller chercher des mottes par eau. Pour le toit, ils n’avaient que quelques lattes, sans soliveaux. Heureusement, à peine avaient-ils fini la maçonnerie, que le flux jeta sur les bords de leur île deux grosses pièces de bois de charpente. Ils les recueillirent, comme si c’eût été un présent du ciel apporté par les anges.