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des nations policées. Mais sans doute alors comme aujourd’hui les prêtres du paganisme furent les derniers à se rendre : soit esprit d’intérêt ou dureté de cœur, ils ne veulent pas reconnaître la révélation de l’Évangile. Ceux du Groënland ont toujours des objections à faire contre ses dogmes. Un angekok disait un jour à un Groënlandais qui l’exhortait à se convertir : « Je ne vois pas quel avantage ont les croyans sur les mécréans ; car je vous avouerai de bonne foi que je ne me vante pas, comme les angekoks mes confrères, de voyager dans l’autre monde, d’y apporter et d’en rapporter des nouvelles. »

Le chrétien lui répondit : « Quant à nous, soyez sûr que nous devons aller dans un séjour de gloire dont nous ne pouvons pas faire la description, parce que nous ne l’avons jamais vu ; mais cette gloire consiste à voir Dieu de nos propres yeux. Cependant l’âme seule doit jouir de celte vision pendant que le corps retourne en poussière. Au reste, le Sauveur nous donnera sans doute un nouveau corps, parfait à tous égards, pour nous faire participer à sa gloire. »

Quoique Crantz paraisse très-édifié de cette explication des dogmes du christianisme, on peut douter qu’elle soit assez orthodoxe pour satisfaire les chrétiens qui ne sont pas de sa communion. Mais un Groënlandais n’est pas tenu sans doute d’en savoir plus qu’on ne lui en a enseigné sur une doctrine qui a besoin