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cipline ecclésiastique. Au reste, les devoirs du sacerdoce sont d’autant plus faciles à remplir chez les herrnhuters, qu’ils laissent volontiers aux simples fidèles le soin d’instruire et de parler dans les églises. Chacun y peut dire ce que l’esprit de dévotion lui dicte. Les Groënlandais eux-mêmes, sans être catéchistes, prêchent dans les assemblées, et sont quelquefois mieux écoutés de leurs compatriotes que des missionnaires étrangers. C’est qu’ils parlent avec ingénuité, dit Crantz, plutôt de leurs propres faiblesses que des défauts des autres. Ils prient pour les fidèles, et n’invectivent pas contre les mécréans. Ils n’ont point l’art de dénaturer le sens des Écritures par des explications forcées ou par des allusions souvent téméraires et ridicules, comme le font quelquefois les herrnhuters eux-mêmes. Sans travail étudié, sans recherche d’esprit, sans air de suffisance et de capacité, ils font plus d’impression sur les âmes que s’ils leur reprochaient des vices et des scandales qu’une juste récrimination fait souvent rejaillir de l’auditoire sur le prédicateur. Il faut pourtant avouer que le langage de ces prêcheurs du Groënland n’est pas toujours bien digne de la Divinité dont ils se disent inspirés ; mais il est à la portée des Groënlandais, et conforme à leur génie. Comme tous les peuples simples et les nations originales, ils aiment les figures du langage ; mais il faut qu’on prenne ces images dans la nature et dans les mœurs de leur pays. « Vous savez, dit un de ces sauvages