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mettre en état de travailler de leurs propres mains. »

Cette année finit à l’ordinaire par la fête du retour du soleil. Les frères Moraves permirent qu’on imitât cette réjouissance profane en donnant des festins dans quatre maisons principales. Mais, à l’exemple de la primitive Église, ils ont épuré cette solennité du paganisme par des espèces d’agapes chrétiennes, où les convives allient une joie innocente avec la décence qu’inspire la religion. Quand les inconvertis invitent un fidèle à leurs festins, « Vous savez bien, répond celui-ci, que nous avons des plaisirs qui ne sont pas les vôtres ; c’est le Sauveur et sa passion. Voilà ce qui nous plaît : suivez vos goûts, et ne troublez pas nos délices par un mélange profane de vos usages avec nos institutions. » Ainsi la société nationale est déjà rompue entre les Groënlandais par la société particulière que les frères Moraves y ont introduite.

L’année 1755 n’eut rien de remarquable au Groënland que pour les météorologistes ou les observateurs de la température des saisons. L’hiver fut extrêmement doux, et la pluie ne fut pas plus froide au mois de janvier qu’en été. Un temps si modéré n’était pas favorable aux oiseaux de mer ; ils cherchèrent le froid entre les îles ; mais il attira d’un autre côté beaucoup de phoques, qui sont rares dans cette saison. Une si douce température se soutint jusqu’au mois de mars, où elle fut troublée