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sacrer un nouveau cimetière à Pissiksarbik, et le 12 juin on y enterra trois corps à la fois. Pissiksarbik est un lieu commode et fréquenté pour la pêche du hareng. Mais plusieurs des Groënlandais qui étaient venus cette année y chercher de la nourriture y trouvèrent la mort. Presque tout le monde y fut malade, entre autres le missionnaire Beck ; mais il fut secouru dans ses maux, et remplacé dans ses fonctions par son confrère Matthieu Stach, qui venait de Moravie, après avoir été dans le Labrador en Amérique. On voit que les voyages les plus longs et les plus périlleux ne coûtent rien à ces hommes de feu. Ils bravent toutes les glaces des mers et des terres du nord, tant ils ont le cœur échauffé, disent-ils, par le sang de l’Agneau. Ils vivent sans crainte au milieu des horreurs de la famine et de la contagion. Cette année, ils ensevelirent en trois mois trente-sept personnes dans une peuplade de deux ou trois cents, et parmi ce nombre de victimes il n’y eut que deux enfans. Ce fut une grande brèche dans le troupeau de Herrnhut.

La pêche du hareng ne fut pas abondante ; celle des fletans, qui se fait dans le mois d’août à Kokernen, rendit aussi très-peu de chose. Les missionnaires en achetèrent pour en faire sécher et saler environ le tiers de leur provision d’hiver. La pêche du saumon, qui se fait en septembre, ne donna presque rien ; mais elle fut compensée par celle des phoques, que la saison orageuse poussa en nombreuse quan-