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marquable. Ils portent sur leurs habits un petit tablier de cuir, avec une bavette qui couvre une cuirasse ou une cotte de mailles. Ce tablier, qui ne passe la ceinture que de quelques doigts, est plein de trous, auxquels sont attachés deux ou trois paires de pistolets de poche et plusieurs poignards. Le bras gauche est chargé d’un petit bouclier. Au-dessous pend une longue épée dont le fourreau s’ouvre tout d’un coup par le moyen d’un ressort, pour épargner la peine et le temps de la tirer. Lorsqu’ils sortent sans dessein formé, et seulement pour se réjouir, ils sont couverts, par-dessus toute cette parure, d’un manteau noir qui pend jusqu’aux mollets. Mais s’ils se proposent quelque aventure, c’est-à-dire, un duel à la portugaise, ils ajoutent à leurs armes une courte carabine chargée de vingt ou trentes petites balles et d’un quarteron de poudre, avec un bâton fourchu pour la poser dessus en tirant. Enfin, pour achever une si étrange parure, ils ont sur le nez une grande paire de lunettes qui est attachée des deux côtés à l’oreille. En arrivant au lieu de l’exécution, le brave commence par planter sa carabine, rejette son manteau sur le bras gauche, prend son épée de la main droite, et dans cette posture attend l’homme qu’il veut tuer et qui ne pense point à se défendre. Aussitôt qu’il le voit, il fait feu en lui disant de prendre garde à lui. Il lui serait fort difficile de le manquer ; car