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dans des loges grillées, non-seulement pour la commodité de l’air et pour leur santé, mais encore pour faciliter à ceux qui les achètent le moyen de les mieux observer, Atkins remarqua que la plupart avaient le visage fort abattu. Il en découvrit un d’une haute taille, qui lui parut hardi, fier et vigoureux. Il semblait regarder ses compagnons avec dédain, lorsqu’il les voyait prompts et faciles à se laisser visiter. Il ne tournait pas les yeux sur les marchands ; et si son maître lui commandait de se lever ou d’étendre la jambe, il n’obéissait pas tout d’un coup ni sans regret. Loadstone, indigné de cette fierté, le maltraitait sans ménagement à grands coups de fouet, qui faisaient de cruelles impressions sur un corps nu ; il l’aurait tué, s’il n’eût fait attention que le dommage retomberait sur lui-même. Le Nègre supportait toutes ces insultes et ces cruautés avec une fermeté surprenante. Il ne lui échappait pas un cri. On lui voyait seulement couler une larme ou deux le long des joues ; encore s’efforcait-il de les cacher, comme s’il eut rougi de sa faiblesse. Quelques marchands, à qui ce spectacle donna la curiosité de le connaître, demandèrent à Loadstone d’où cet esclave lui était venu. Il leur dit que c’était un chef de quelques villages qui s’étaient opposés au commerce des Anglais sur la rivière Nougnez ; qu’il se nommait le capitaine Tomba, et qu’il avait tué plusieurs Nègres de leurs amis, brûlé leurs cabanes, et donné des marques