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Nègres ne résista point à des offres si flatteuses. Ils se rangèrent sous les étendards du marabout ; et les sujets du damel, qui furent les plus ardens, parvinrent à détrôner leur souverain. Ils attendirent pendant deux ans les miraculeuses moissons du marabout ; mais la famine devint si terrible, que, faute d’alimens, ils furent contraints de se manger les uns les autres, ou de se livrer volontairement à l’esclavage pour éviter la mort. Une si triste expérience leur ayant fait ouvrir les yeux sur leur folie, ils chassèrent l’usurpateur, et remirent le damel en possession de sa couronne.

Nous avons déjà parlé de leurs armes : ils y ont moins de confiance qu’à leurs grisgris, avec lesquels, malgré l’expérience journalière, ils s’obstinent à se croire invulnérables et supérieurs à leurs ennemis. Les Européens sont les seuls qu’ils désespèrent de vaincre, parce qu’ils ont éprouvé qu’aucun grisgris n’est à l’épreuve des armes a feu, auxquels ils adonnent le nom imitatif de pouffs.

On n’est point encore parvenu à se faire de justes idées du langage des Nègres. Les principales langues sont celles des Iolofs, des Foulas et des Mandingues. La langue la plus commune sur la Gambie est le mandingue ; avec cette clef, on peut voyager sans embarras depuis l’embouchure de la rivière jusqu’au pays des Dionkos, ou des marchands auxquels on donne ce nom, parce qu’on achète d’eux un très-grand nombre d’esclaves ; ce pays est à six