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envisageait dans l’avenir, le défaut des vivres étant le plus terrible, on fit le 8 un état du biscuit qui restait, et les rations furent réglées à quatre livres cinq onces pour huit jours. La provision de poisson sec et de viande était encore assez abondante ; mais on commençait à manquer de vin, et ce qui restait de bière était sans force. On prenait quelques renards qui venaient alors se montrer, au lieu que les ours s’étaient retirés avec le soleil, et ne reparurent qu’à son retour. Barentz fit disposer un cerceau, avec un rets, dans lequel un renard ne pouvait entrer sans se trouver pris ; on pouvait aussitôt tirer le piége et l’animal dans la hutte. Ensuite il en vint un si grand nombre, que, pour en prendre plusieurs à la fois, on fit des trappes de planches fort épaisses qu’on chargea de pierres pour les rendre encore plus pesantes, et l’on en prit ainsi quelques-uns.

Le 12, on prit le parti de régler la distribution du vin à deux petits verres par jour ; et l’unique boisson qu’on eut d’ailleurs était de l’eau de neige fondue. Le 18, Barentz fit distribuer à tout le monde une pièce de gros drap pour en faire l’usage que chacun pourrait imaginer contre le froid. Les chemises et les linceuls n’étaient pas plus ménagés ; mais on tomba dans une autre difficulté lorsqu’il fut question de les laver. On n’avait pas plus tôt tiré le linge de l’eau bouillante, que, la gelée le raidissant, il était impossible de le tordre. Il demeurait même gelé près du feu, du moins