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par-derrière. En arrivant, ils eurent la joie d’y voir tous leurs gens, à l’exception de celui qui se tenait caché dans sa fente. Mais les furieux animaux se présentant pour monter après eux, ne purent être arrêtés d’abord que par des pièces de bois et divers ustensiles qu’on se hâta de leur lancer à la tête, et sur lesquels ils se précipitaient chaque fois, comme un chien court après la pierre qu’on lui jette. Il n’y avait point à bord d’autres armes que les deux hallebardes. On voulut battre un fusil, allumer du feu, tenter de brûler quelques poignées de poudre ; et, dans la confusion ou la crainte, rien de ce qu’on avait entrepris ne pouvait s’exécuter. Cependant, les ours revenant à l’assaut avec la même furie, on commençait à manquer d’ustensiles et de bois pour les amuser. Enfin les Hollandais ne durent leur conservation qu’au plus heureux hasard. Barentz, à l’extrémité, consultant son désespoir plus que sa prudence, jeta sa hallebarde, qui donna fortement sur le muffle du grand ours. L’animal en fut apparemment si blessé, qu’il fit retraite avec un grand cri ; et les deux autres, qui étaient beaucoup moins grands, le suivirent aussitôt, quoique d’un pas assez lent.

Le 27, on tua un renard blanc, qu’on fit rôtir, et dont le goût approchait beaucoup de celui du lapin. Les deux jours suivans furent donnés à divers soins nécessaires dans le genre de vie auquel on se voyait condamné, tels que de placer et de monter l’horloge, de préparer