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découverte de l’Amérique, puisqu’on trouve dans les anciens titres des chapeliers de Paris divers règlemens pour la fabrique des chapeaux de bièvres. Castor et bièvre sont les différens noms du même animal ; mais soit que le bièvre européen soit devenu rare, ou que son poil n’ait pas la même qualité que celui du castor américain, on ne parle plus guère du premier que par rapport au castoréum. Jamais même on ne l’a vanté comme un animal curieux, faute apparemment de l’avoir observé de près, ou peut-être parce qu’il n’a que les propriétés des castors terriers, qui forment une autre espèce. Le castor du Canada est un quadrupède amphibie, qui peut vivre néanmoins sans aller dans l’eau, et qui ne peut même y être long-temps, mais qui a besoin quelquefois de s’y baigner. Les plus grands castors ont un peu moins de quatre pieds, sur environ quinze pouces d’une hanche à l’autre, et pèsent soixante livres. La couleur de cet animal est différente, suivant la différence des climats où il se trouve. Dans les parties du nord les plus reculées ils sont ordinairement tout-à-fait noirs ; mais on y en voit quelquefois de blancs ; ils sont bruns dans les pays plus tempérés, et leur couleur s’éclaircit à mesure qu’ils avancent vers le sud. Chez les Illinois, ils sont presque fauves, et l’on y en voit même de couleur de paille. On observe que plus ils sont noirs, moins ils sont fournis de poil, et par conséquent leur dépouille est