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carcasse eût été exposée comme la proue aux glaçons qui flottaient sans cesse, ils auraient enlevé tout le bâtiment et n’auraient pu manquer à la fin de le renverser. Peut-être même aurait-il coulé bas d’eau ; ce qu’on redoutait beaucoup. Dans cette crainte, on avait déjà mis le canot et la chaloupe sur la glace, pour s’y retirer ; et quatre heures s’étaient passées dans l’attente de ce qui pouvait suivre, lorsque les glaces se séparèrent et furent emportées par le courant. On rendit grâce au ciel d’un événement dont on se crut redevable à sa protection, et tous les efforts furent employés à réparer le gouvernail et la barre. Ensuite on prit le parti de le démonter, pour éviter le même risque, si l’on se trouvait encore assiégé de glaçons.

Le 1er. septembre, ils recommencèrent à s’entasser, et le corps du vaisseau se trouva élevé de plusieurs pieds, sans être encore offensé. On fit des préparatifs pour traîner à terre le canot et la chaloupe. Le 2, de nouveaux glaçons élevèrent encore le vaisseau, le firent craquer horriblement, et l’ouvrirent même en tant d’endroits, qu’on prit enfin la résolution de traîner le canot avec treize tonneaux de biscuit et deux tonneaux de vin. Le 3, on fut assiégé par quantité de glaçons qui se joignirent à ceux dont on était déjà serré. L’étambord se sépara ; mais le doublage se soutint encore. Bientôt le câble qui était mouillé au vent se rompit. Un autre câble neuf, qu’on