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l’ouest du Weigats. Comme on avait passé la Nouvelle-Zemble, et qu’on ne trouvait aucun passage ouvert, l’espérance de pénétrer plus loin semblait absolument évanouie, et Barentz pensait à retourner en Hollande, lorsque, arrivant à la baie des courans, le vaisseau fut arrêté par une si forte glace, qu’on le vit forcé de reculer. Le 26, étant entré dans le port des glaces, on y demeura pris au milieu des glaçons qui flottaient de toutes parts. Trois hommes, qui se mirent dessus pour faire des ouvertures, faillirent d’être emportés, et ne dûrent leur salut qu’à l’assistance du ciel. Cependant on s’avança, le soir du même jour, à l’ouest du port des glaces ; mais les glaçons s’étant rejoints pendant la nuit avec un redoublement d’épaisseur, on comprit que le sort le plus favorable auquel on pût s’attendre était d’hiverner dans cette région d’horreur. C’est ici que commence la peinture d’une situation sans exemple.

Le 27, les glaçons recommencèrent à flotter, et le vent, qui tourna au sud-est, en détachant encore plus, les pressait avec tant de violence contre l’avant du vaisseau, qu’ils lui donnaient en longueur un mouvement de vibration fort dangereux. Dans ce péril, qui ne faisait qu’augmenter, on mit la chaloupe en mer comme une ressource pour l’extrémité. Les glaçons s’écartèrent un peu le 28 ; mais, tandis qu’on observait les dommages que le vaisseau avait soufferts le jour précédent, il s’ouvrit par le haut,