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pourraient plus l’approcher. L’endroit vers lequel il s’avança offrait une grande chute d’eau qui descendait des montagnes. Il ne put aller fort loin ; et, se voyant obligé d’amarrer encore aux bancs, il nomma ce lieu le petit lac des Glaces. Le 13 au matin, on vit partir de la pointe orientale un ours blanc qui venait vers le navire. Quelques coups de fusil lui cassèrent une jambe ; mais sa blessure ne l’ayant point empêché de retourner à terre, plusieurs matelots y descendirent dans la chaloupe, le suivirent et le tuèrent.

Le 15, on s’approcha de l’île d’Orange, où le vaisseau se trouva presque aussitôt pris dans les glaces, avec le plus grand danger d’y périr. Il se dégagea heureusement, en s’avançant vers la terre. Mais pendant que l’équipage était occupé de ce travail, le bruit réveilla un ours qui dormait à peu de distance. Il courut d’abord vers le vaisseau, et le travail fut abandonné pour se défendre. L’ours reçut quelques coups de fusil qui le firent fuir de l’autre côté de l’île, où il se plaça sur un banc de glace. Il y fut suivi ; et la vue de la chaloupe le fit sauter dans l’eau pour gagner le bord de l’île à la nage. On lui coupa le passage, et d’un coup de hache sur la tête on lui fit une profonde blessure. Le matelot qui l’avait frappé voulut redoubler le coup ; mais chaque fois qu’il levait sa hache, l’animal plongeait assez adroitement pour l’éviter ; et ce ne fut pas sans peine qu’on parvint à le tuer.