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excessifs du Canada aux montagnes, aux bois et aux lacs du pays. Ces trois causes, suivant le jésuite français, doivent y contribuer ; car il n’y a rien, dit-il, à répliquer contre l’expérience, qui rend sensible la diminution du froid à mesure que le pays se découvre, quoiqu’elle ne soit pas proportionnée à ce qu’elle devrait être, si l’épaisseur des bois en était la principale cause. Il y en a donc de plus puissantes ; et là-dessus les deux jésuites s’accordent.

Une seconde cause que l’on assigne aux grands froids du Canada (et c’est la véritable), est le voisinage de la mer du Nord, qui, pendant plus de huit mois de l’année, se trouve couverte de glaces énormes. Il ne neige au Canada que du vent nord-est, c’est-à-dire du côté des glaces du nord ; et quoique le froid semble moins vif pendant la chute des neiges, elles doivent contribuer beaucoup à refroidir les vents d’ouest et de nord-ouest dans l’immensité du pays qu’elles couvrent, et que ces vents traversent.

Cette rigoureuse température n’empêche point qu’une si grande région ne soit bien peuplée de toutes sortes d’animaux ; les uns, qui la quittent en hiver pour chercher un air plus doux ; les autres, que la nature a rendus capables de supporter un froid excessif, ou qu’elle a favorisés d’un admirable instinct pour s’en garantir. On doit le premier rang au plus singulier, qui est le castor.

Il n’était pas inconnu en France avant la