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fruits de certains arbres d’Écosse, qui croissaient sur les bords de la mer ; que ceux qui tombaient à terre se cassaient, au lieu que ceux qui tombaient dans l’eau ne manquaient pas d’éclore aussitôt ; et que les jeunes oies nageaient en sortant de leur coque.

Heemskerck et Barentz se crurent sur les côtes du Groënland ; mais l’éditeur du journal fait observer, d’après les connaissances qui ont succédé, que le pays où ces deux navigateurs se trouvaient est le Spitzberg, grande terre située entre le Groënland et la Nouvelle-Zemble, et qu’elle s’étend depuis le 77e. degré jusqu’au delà du 80e. c’est-à-dire en longueur plus de soixante lieues d’Allemagne ; elle est sous un climat que l’excessive rigueur du froid rend inhabitable. On y a vu quelquefois, au 13 de juin, les glaces encore si fortes à l’entrée des ports, et le long des côtes, que les vaisseaux n’y pouvaient passer. La neige même, qu’on y voit toujours en certains endroits, était si peu fondue dans les autres, que les rennes, n’y pouvant, trouver à paître, y étaient tout décharnés. Cette contrée paraît hérissée de hautes montagnes, toujours couvertes de neige ; et dans les plaines qui les entrecoupent, on ne voit point d’arbres ni de buissons. La seule production qu’on y connaisse est une mousse courte, moins verte que jaunâtre, au travers de laquelle percent de petites fleurs bleues ; et les seuls animaux qu’on y voie sont des ours blancs plus grands que des