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la côte vers l’ouest jusqu’au 79° 30′, où l’on trouva une fort bonne rade, dont un vent de nord-est, qui soufflait de terre avec violence, ne permit pas d’approcher.

Le 21, on jeta l’ancre à vue de terre. Pendant que l’équipage de Barentz était allé prendre du lest à la côte occidentale, un ours blanc entra dans l’eau, et nagea vers son bâtiment. Aussitôt l’équipage, abandonnant son travail, se jeta dans la chaloupe et dans deux canots, pour aller droit à l’animal. Il prit alors le large, et nagea plus d’une lieue. On le suivit. La plupart des armes dont on le frappa se brisèrent sur son corps. Enfin il frappa de ses pates avec tant de force contre l’étrave d’un des canots, que, s’il eût pris de même ce petit bâtiment par le milieu, il l’aurait coulé à fond ; mais il fut tué dans ce moment, et porté à bord. Sa peau avait treize pieds de long.

Plus loin, on eut la vue de deux îles qui s’étendaient à l’est. Du côté opposé, c’est-à-dire vers l’ouest, on découvrit un grand golfe, qui avait au centre une île remplie d’oies sauvages et de leurs nids. Heemskerck et Barentz ne doutèrent point que ces oies ne fussent les mêmes qu’on voit venir tous les ans en fort grand nombre dans les Provinces-Unies, surtout au Wieringen dans le Zuyderzée, dans la Nord-Hollande et dans la Frise, sans qu’on eût pu s’imaginer jusqu’alors où elles faisaient leur ponte. Quelques mauvais physiciens avaient écrit que les œufs de ces oiseaux étaient les