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vers la terre-ferme, pour sonder le canal, et l’on entra jusqu’au fond du golfe, derrière une île qui fut nommée la Queue, où l’on trouva une petite maison de bois et un grand canal. Le 15, on eut un assez beau temps pour se flatter de pouvoir continuer le voyage, et tenter une seconde fois d’entrer dans la mer de Tartarie ; mais Barentz en jugea tout autrement, et demeura sur ses ancres. En effet, le matin du 25 on vit les glaces rentrer dans le Weigats, du côté de l’est. Il fallut se hâter de mettre à la voile, et sortir par l’ouest du détroit pour reprendre la route des Provinces-Unies. Le 3 octobre on découvrit l’île de Wardhuys à la côte de Laponie ; et le 18 novembre, après quatre mois et seize jours de navigation, on rentra heureusement dans la Meuse.

L’inutilité de ces deux voyages refroidit si peu les chefs de l’entreprise, qu’ils délibérèrent aussitôt sur les moyens d’en faire un troisième ; mais leurs hautes-puissances refusèrent de l’autoriser par leur commission ; elles se contentèrent de faire publier que, si quelques villes, quelques sociétés, ou quelque particulier même voulaient faire les frais du voyage, loin de s’y opposer, elles donneraient une récompense considérable à ceux qui, se croyant sûrs d’avoir rempli leur objet, en apporteraient des preuves qui ne souffrissent pas d’objections ; et la somme fut fixée.

Le conseil de ville d’Amsterdam, dont l’ardeur n’avait fait qu’augmenter, profita aussitôt