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les étrangers. Quoique dans cette première entrevue les Hollandais leur eussent marqué beaucoup de confiance et d’amitié, ils gardèrent tant de précautions lorsqu’ils les revirent descendre au rivage, qu’ils ne leur permirent pas même d’observer de près leurs arcs. Ils avaient près d’eux quelques traîneaux attelés d’un ou deux rennes, qui semblaient toujours prêts à partir. Un coup de mousquet qu’un matelot tira vers la mer causa des mouvemens furieux parmi les Samoïèdes et les rennes. Cependant ils redevinrent tranquilles lorsque le bruit eut cessé. Il se fit diverses échanges des marchandises qu’on avait à bord, pour de l’huile de baleine et des peaux. Enfin, lorsqu’on se fut séparé avec une satisfaction mutuelle, un Samoïède courut au rivage pour demander une statue fort grossière qu’un Hollandais avait emportée ; et, ne la retrouvant point aussitôt, il sauta légèrement à bord, où il fit entendre que celui qui l’avait prise s’était rendu fort coupable. On la lui rendit : il la déposa d’abord sur une petite hauteur du rivage, et bientôt on la vint enlever dans un traîneau. Quelle que fut la religion de ces peuples, les Hollandais jugèrent que ces statues étaient leurs divinités. On en avait déjà vu plus d’une centaine sur la pointe du Weigats ; et c’était cette raison qui l’avait fait nommer le cap des Idoles : elles étaient un peu arrondies par le haut, avec une petite élévation, qui servait de nez, deux petits trous au-dessus pour marquer les yeux, et un