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les formes, adieu les chapons, les quartiers de bœuf et de mouton, la volaille, le poisson qu’on tenait en réserve dans les greniers, sur la foi de la gelée. Ainsi, malgré les rigueurs du froid, on est réduit à souhaiter qu’il ne discontinue point. »

Il peut être vrai, comme on le prétend, que les hivers du Canada aient encore été plus rudes il y a cent ans ; mais tout le monde convient que, tels qu’ils sont aujourd’hui, l’hiver de France le plus piquant n’en approche point. À la vérité, le mois de mai, n’est pas plus tôt arrivé, qu’il faut changer de langage. La douceur de cette fin du printemps, d’autant plus agréable qu’elle succède à tant de rigueurs ; la chaleur de l’été, qui fait voir en moins de quatre mois les semences et les récoltes ; la sérénité de l’automne, pendant lequel on jouit d’une suite de beaux jours ; tous ces avantages, auxquels on peut joindre celui de la liberté, qui est comme le partage du pays, fait une compensation fort agréable pour les habitans.

On demande d’où peut venir une température si différente de celle de France, sous des parallèles qui sont tout-à-fait les mêmes ?

Un jésuite romain, le P. Bressani, qui avait passé une partie de sa vie dans la Nouvelle France, a traité cette question en physicien ; et le P. Charlevoix confirme sa doctrine en y mettant quelques restrictions. Il croit, par exemple, que le missionnaire italien se trompe lorsqu’il ne veut pas qu’on attribue les froids