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observèrent aussi des traces d’hommes et de rennes. D’ailleurs quelques idoles qu’on découvrait sur le cap devaient leur faire juger que, si le pays n’avait point d’habitans fixes, il était du moins fréquenté par quelque peuple éloigné ou voisin. Ils se flattèrent qu’à force de pénétrer, ils pourraient découvrir enfin des maisons et quelque être de forme humaine, qui leur apprendrait l’état de la mer et de la navigation dans ces horribles parages ; mais, après avoir marché long-temps, ils s’affligèrent d’avoir perdu leurs peines. Cependant une partie de ces aventuriers s’étant avancée vers le rivage, trouva un chemin praticable dans un marais, où l’eau, qu’ils eurent d’abord jusqu’à mi-jambes, ne les empêcha point de sentir un terrain ferme. Ensuite ils ne l’eurent que jusqu’au dessus de leurs souliers. Lorsqu’ils se virent au bord de la mer, leur joie fut d’autant plus vive, que, n’y apercevant pas beaucoup de glaces, ils se flattèrent qu’on pourrait les traverser. Cette découverte les fit retourner promptement à bord. Barentz avait aussi fait avancer l’yacht à force de rames, pour reconnaître si la mer de Tartarie était ouverte ; mais ce bâtiment n’ayant pu vaincre l’obstacle des glaces, se rendit sous le cap de la Croix, d’où quelques matelots de l’équipage gagnèrent par terre le Twisthoek ou cap de Dispute. Là, ils observèrent que les glaces de la mer de Tartarie s’étaient amoncelées le long de la côte de Russie et de la pointe du Weigats. Le 23, ils rencontrèrent une barque de