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tité de glaces ; et le 14, par le 77° 45′, on se trouva près d’une surface de glace fort unie qui s’étendait à perte de vue. Barentz prit le parti de retourner sous la Nouvelle Zemble, vers le cap de Nassau. Il arriva le 26 sous le cap de Troost ; et le 29, étant par le 77°, la pointe la plus septentrionale de la Nouvelle Zemble, qu’il nomma Ys-hoek, ou le cap des Glaces, lui restait droit à l’est. Le 13, ayant couru des bordées entre les glaces et la terre, il arriva aux îles, qui furent nommées îles d’Orange, près d’une desquelles il trouva plus de deux cents morses couchés au soleil sur le sable. Les matelots, persuadés que ces animaux ne pouvaient se défendre sur terre, entreprirent d’en tuer quelques-uns pour en rapporter les dents ; mais ils brisèrent leurs haches, leurs sabres et leurs piques, sans en pouvoir arrêter un seul ni remporter d’autre avantage que de se saisir d’une de leurs dents, qui fut cassée. Ils étaient résolus de retourner à cette espèce de combat avec quelques pièces de canon, lorsque le vent devint si impétueux, qu’il divisa les glaces en quantité de gros glaçons, sur l’un desquels on fut surpris de rencontrer un grand ours blanc, qui dormait. Plusieurs coups de fusil le blessèrent, mais ne l’empêchèrent pas de fuir et de se jeter dans l’eau, où la chaloupe le suivit : il fut tué ; mais les glaçons qui continuaient de se rompre ne permirent point de s’en saisir.

Barentz jugea qu’il était impossible de for-