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ils eurent la vue de l’Islande à huit lieues ; mais les glaces ne leur permirent point d’y toucher. Le 25 ils passèrent les Orcades, et le 9 octobre ils entrèrent dans le port d’Harwich.

En arrivant à Londres, Frobisher n’eut à montrer pour fruit de son expédition que le sauvage qu’il avait pris, et un morceau de pierre noire qu’un matelot lui avait donné à bord ; mais le hasard ou la curiosité ayant fait jeter cette pierre dans le feu, où l’on remarqua qu’elle rougissait, on l’éteignit dans du vinaigre, et l’on crut y reconnaître de petites veines d’or ; elles furent mises à l’essai : on jugea que c’était de l’or réel. C’était assez pour se promettre d’immenses richesses, si l’on pouvait se procurer une grande quantité des mêmes pierres. L’avidité du gain fit naître une nouvelle ardeur pour la découverte du passage. Il se forma une compagnie qui sollicita des priviléges exclusifs, et la reine même se laissa éblouir par de si belles espérances. On fit aussitôt des préparatifs pour un second voyage. Frobisher obtint un vaisseau de l’état, nommé l’Aide, sur lequel il mit à la voile le 31 mai 1577, avec les deux navires le Gabriel et le Michel. Le journal de cette seconde entreprise n’a rien de curieux ni d’utile ; la découverte ne fut pas poussée beaucoup plus loin que dans le premier voyage. Frobisher se contenta de prendre à bord cinq cents quintaux de la prétendue mine d’or. Après avoir fait d’inutiles recherches pour retrouver les cinq hommes