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duire, non sur le rivage même, mais sur un rocher qui n’en était qu’à quelques pas : il ne fut pas obéi. Les cinq Anglais, affectant de ne rien craindre, allèrent jusqu’au rivage, et furent enlevés avec la chaloupe par une troupe de sauvage armés. Comme la nuit s’approchait, on n’eut aucune connaissance de leur malheur : mais lorsque le jour revint sans qu’on les eût vus paraître, on tira un coup de fauconneau, on sonna de la trompette ; tous ces soins furent inutiles. Le conseil jugea qu’il ne fallait rien espérer de la violence pour sauver ces hommes. On prit le parti de sortir de la baie qui fut nommée Five-Men-Bay, c’est-à-dire, Baie des cinq hommes. Le 22 au matin, on retourna dans l’endroit même où les cinq hommes avaient eu l’imprudence de descendre. Quatorze canots se détachèrent de la côte, et vinrent assez proche de nous ; mais nos signes et nos invitations ne purent les faire venir à bord. Cependant une sonnette qu’on leur montra, en fit approcher un qui fut pris avec le sauvage qu’il portait. Tous les autres ayant disparu aussitôt, nous perdîmes l’espérance de retrouver nos cinq hommes, et nous allâmes mouiller sous l’île Thomas William. »

Cette disgrâce, jointe à l’abondance des neiges, qui se trouvaient dès le matin épaisses d’un pied sur le tillac, ne laissa plus d’impatience aux Anglais que pour leur retour. Ils levèrent l’ancre le 26, et le jour suivant, ils étaient à la hauteur de l’île Gabriel. Le 1er. septembre,