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vue d’un des navires parut effrayer les sauvages et leur fit gagner la terre. Un Anglais, sautant sur le rivage après eux, en saisit un, qui fut amené à bord. On le fit boire et manger ; et, lorsqu’on le crut apprivoisé par ce traitement, on le remit à terre. Tous les autres, au nombre de dix-neuf, s’approchèrent du vaisseau dans leurs canots : ils parlaient tous avec assez de chaleur ; mais nous n’entendîmes pas un mot de leur langage. De grands cheveux noirs, une face large, un nez plat et un teint basané leur donnaient beaucoup de ressemblance avec les Tartares. Ils étaient vêtus, hommes et femmes, d’une sorte de robes, que nous prîmes pour des peaux de chiens marins. Les hommes avaient les joues et le tour des oreilles peints de raies bleues. Leurs canots étaient des mêmes peaux que leurs robes, et la quille de bois : ils nous parurent de la grandeur d’une chaloupe espagnole.

» Sur des apparences si tranquilles, nous ne fîmes pas difficulté de nous avancer au côté oriental de l’île, et d’envoyer quelques hommes à terre. Ils virent les huttes des sauvages ; et quelques-uns de ces barbares ramèrent vers la chaloupe. Nos gens en prirent un qu’ils amenèrent à bord. On lui donna une sonnette et un couteau, dans l’espérance non-seulement de rendre ses compagnons plus familiers, mais de connaître par l’impression que ce présent ferait sur eux s’ils avaient déjà vu des Européens. Frobisher chargea cinq hommes de le recon-