Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 19.djvu/43

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tinuer des efforts dont elle ressent l’utilité. » D’ailleurs il trouve dans ces avantages mêmes les raisons qui ont fait abandonner long-temps le projet de la recherche ; c’est que Sébastien Cabot, gouverneur de la compagnie anglaise de Russie, étant tout à la fois directeur du commerce et seul conducteur de toutes les expéditions pour la découverte d’un passage, non-seulement le premier de ces deux emplois nuisit au succès de l’autre, mais l’influence d’un homme si respecté, qui avait désespéré du passage au nord-ouest, fit négliger au gouvernement tous les projets qui furent proposés par cette voie. Ce ne fut qu’après sa mort, c’est-à-dire en 1576, qu’un Anglais, nommé Martin Frobisher, osa proposer un voyage pour la découverte d’un passage par le nord-ouest.

Ce fameux aventurier, qui méditait son entreprise depuis quinze ans, fut soutenu par Ambroise Dudley, comte de Warwick, favori de la reine Élisabeth. On lui fit équiper deux navires, le Gabriel et le Michel, chacun de vingt-cinq tonneaux, avec une pinasse de dix. Il partit de Blakwal le 15 juin de la même année, dans la résolution de justifier à son retour le fondement de ses espérances, ou de ne revoir jamais sa patrie. Les collections anglaises nous ont conservé les journaux de trois navigations qu’il fit successivement, et dont la première, quoique la plus courte et la moins heureuse, parut un puissant motif à la cour d’Angleterre pour encourager les deux suivantes. On ne