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C’est vraisemblablement ce qui rend cette île inhabitable.

Un seigneur russe disgracié, ayant rapporté à la cour de Moscou qu’il y avait des mines d’argent dans la Nouvelle-Zemble, y fut envoyé pour en faire la découverte ; mais il revint comme il y était allé. Il y retourna une seconde fois, accompagné d’une grande quantité d’ouvriers : il n’a jamais reparu, ni lui, ni aucun des siens. On soupçonne qu’étant restés trop long-temps à terre, ils n’auront pu s’en revenir avant l’hiver, à cause des glaces, et qu’ils sont tous morts de froid.

Cependant un certain La Martinière, non le géographe, mais un chirurgien de vaisseau, dans un Voyage aux pays septentrionaux, dit avoir vu des Zembliens ; et il en fait une peinture si ressemblante à celle des Samoyèdes, qu’en supposant qu’ils formassent réellement deux nations distinctes, la description des derniers serait aussi nécessairement celle des Zembliens, s’il en existait. Mais il y a bien de l’apparence que ce voyageur s’est trompé à cet égard, puisque tous les navigateurs hollandais et anglais qui ont abordé à la Nouvelle-Zemble avouent qu’ils n’y ont jamais vu aucun naturel du pays. On ignore même jusqu’à leur nom dans tout le nord. Ainsi l’on doit être étonné que les judicieux auteurs de l’Histoire naturelle aient, sur la foi d’un témoin unique et justement suspecté, parlé des Zembliens et des Borandiens. Au reste, pour met-