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brouillard épais sembla mettre fin à ce phénomène effrayant ; les flammes cessèrent au bout de vingt-quatre heures. La montagne ne s’ouvrit point ; elle ne vomit ni pierres ni matières combustibles, mais il en sortit une fumée noire et épaisse qui continua jusqu’au 21 mai. Le vent ayant alors changé ; le navire se hâta de gagner le large. Il était à peine à quinze lieues de l’île, lorsque Laab fut effrayé de nouveau par une énorme quantité de cendres que le vent poussait derrière lui ; les voiles et le pont de son navire en furent bientôt couverts et tout noircis. Il craignit d’abord que ces cendres n’eussent apporté avec elles des charbons ardens, ou des parcelles de minéraux enflammés, qui auraient pu mettre le feu à son vaisseau ; mais ayant trouvé ces cendres froides au toucher, et n’y voyant rien de combustible en les approchant du feu, il se rassura, et fit jeter de l’eau sur le pont pour les enlever. Tout l’équipage s’occupa de ce travail pendant plus de cinq heures avant qu’on pût venir à bout de nettoyer parfaitement le navire, parce que tant qu’il fut sous le vent, il recevait de temps en temps de nouvelles bouffées de ces cendres. Anderson, à qui l’on apporta de cette cendre, la trouva d’un gris clair, et fort douce au tact ; vue au microscope, elle lui parut composée de petits grains de sable, ou plutôt de petits morceaux de pierre brisée.

Alick Payens, compatriote de Laab, passa quinze jours après dans cet endroit. Comme