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Au pied du Mont-aux-Ours on voit une croûte assez mince d’une matière couleur de terre ; ce n’est qu’un amas prodigieux de fiente des oiseaux de mer dont il se tient là des quantités prodigieuses pour donner la chasse aux crabes de mer, très-fréquens dans les environs de cette île. Cette couche de fiente, convertie en terreau, produit, par un heureux hasard, beaucoup de cochléaria, d’oseille, et d’autres herbes antiscorbutiques, d’une grande ressource pour les marins qui passent devant cette île dans leur voyage au Groënland.

L’île de Jean Mayen n’offre plus rien d’intéressant du côté de ses productions. Nous allons terminer cet article par le récit d’un incendie singulier qu’on y a vu en 1732. Anderson, dans son Histoire naturelle de l’Islande, le rapporte de la manière suivante.

Jean-Jacques Laab, capitaine d’un navire de Hambourg, qui allait au Groënland, avait été forcé par le vent contraire de mouiller à trois lieues au sud du Mont-aux-Ours. Le 17 mai, il aperçut tout à coup des flammes d’une longueur prodigieuse, qui s’élevaient du bas de la montagne, en se dispersant de tous côtés comme des éclairs vifs et rapides ; des détonations souterraines et terribles accompagnaient cet incendie. Laab, malgré l’excès de sa frayeur, ne pouvait quitter l’endroit où il était retenu par le vent contraire ; il était en proie à des angoisses mortelles, car il craignait que l’incendie ne détruisit son navire. Cependant un