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Cette île est hérissée de rochers absolument nus et stériles. Elle était autrefois très-fréquentée par les Européens qui allaient à la pêche des baleines dans ses parages. Mais aujourd’hui que ces animaux en ont abandonné les côtes, on n’y aborde que fort rarement, et seulement pour se mettre à l’abri des gros temps, ou pour chercher des plantes contre le scorbut.

La côte orientale de cette île, au rapport des navigateurs, est environnée de glaces pendant toute l’année jusque dans l’étendue de dix milles en mer. À la difficulté du passage le long de cette côte se joint encore le danger auquel on est exposé par un vent terrible qui vient du haut du Beerenberg, ou montagne des ours.

Cette île, dit Anderson, paraît être un fragment détaché d’un continent, ou produit, soit par des feux souterrains, soit par quelque autre accident extraordinaire : elle est inhabitée et tout-à-fait inhabitable. Le Mont-aux-Ours, situé dans la partie septentrionale, est ainsi appelé à cause de la grande quantité de ces animaux, qu’on y aperçoit en tout temps, et si élevé, que sa cime se perd dans les nues ; et, selon le rapport de quelques navigateurs très-dignes de foi, on le découvre par un temps serein à la distance de trente-deux lieues ; cette montagne est nue, et son sommet est perpétuellement couvert de glaces et de neiges : elle remplit tout l’espace compris entre les côtes orientale et occidentale ; cet endroit est le plus large de l’île.